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Utiliser ou perdre
Des inventions utiles comme la voiture ou l’avion sont limitées à la base par la fixité des mécanismes et des systèmes électriques conçus et installés par les hommes. Il en va tout autrement de notre cerveau qui est, lui, un système ou mécanisme biologique d’une extraordinaire souplesse. Il se modifie continuellement en fonction de la façon — bonne ou mauvaise — dont il est utilisé. Il semble que deux grands facteurs interviennent dans le développement du cerveau au cours de notre vie : d’une part, les informations qui lui parviennent par l’intermédiaire de nos sens, et, d’autre part, nos choix de pensées.Sans rejeter totalement l’influence de l’hérédité sur les facultés mentales, les chercheurs expliquent aujourd’hui que notre cerveau n’est pas figé par nos gènes au moment de la conception. “ Personne ne soupçonnait que le cerveau fût autant capable de se modifier que la science le sait à présent ”, a écrit Ronald Kotulak, lauréat du prix Pulitzer. Après avoir interrogé plus de 300 chercheurs, il a tiré la conclusion suivante : “ Le cerveau n’est pas un organe statique ; c’est une masse de connexions cellulaires en constant changement et profondément influencées par l’expérience. ” — Inside the Brain.L’expérience n’est toutefois pas le seul moyen de façonner notre cerveau. Nos pensées interviennent également. Les scientifiques ont découvert que le cerveau des individus qui restent actifs mentalement présente jusqu’à 40 % de connexions (synapses) de plus entre les cellules nerveuses (neurones) que le cerveau de ceux qui sont mentalement paresseux. Les travaux en neurosciences l’ont démontré : en matière de capacité cérébrale, la règle, c’est utiliser ou perdre. Qu’en est-il des personnes âgées ? S’il semble que le vieillissement s’accompagne d’une perte de cellules du cerveau et l’âge avancé de troubles de la mémoire, il apparaît cependant que cette perte est beaucoup moins importante qu’on ne le pensait autrefois. Un article de la revue National Geographic consacré au cerveau humain a fait le constat suivant : “ Les personnes âgées [...] gardent la capacité de créer de nouvelles connexions et de préserver les anciennes par l’activité mentale. ”
Le lobe frontal
La plupart des neurones qui se trouvent dans la couche externe du cerveau, le cortex cérébral, ne sont pas reliés directement aux muscles ou aux organes sensoriels. C’est le cas, par exemple, des milliards de neurones du lobe frontal (voir l’illustration de la page). Des observations du cerveau par IRM montrent que le lobe frontal s’active quand on pense à un mot ou que l’on fait fonctionner sa mémoire. Si vous êtes ce que vous êtes, c’est notamment à la partie antérieure de votre cerveau que vous le devez.“ Le cortex préfrontal [...] joue un rôle important dans l’élaboration de la pensée, l’intelligence, la motivation et la personnalité. Il met en relation les éléments du vécu nécessaires à la production d’idées abstraites, du jugement, de la persévérance, de la planification, du souci des autres et de la conscience. [...] C’est ce qui est élaboré dans cette région qui distingue les êtres humains des autres animaux. ” (Human Anatomy and Physiology, de Elaine Marieb). Nous avons des preuves de cette distinction dans ce que les humains accomplissent dans des domaines comme les mathématiques, la philosophie ou la justice, qui font appel principalement au cortex préfrontal. Pourquoi les humains possèdent-ils un cortex préfrontal souple et volumineux qui leur confère de puissantes facultés mentales alors que, chez les animaux, cette région du cerveau est rudimentaire, voire inexistante ? Le contraste est si frappant que les biologistes défenseurs de l’évolution parlent de la “ mystérieuse explosion de la taille du cerveau ”. À propos des dimensions remarquables de notre cortex cérébral, le professeur de biologie Richard Thompson a reconnu : “ Pour l’instant, nous ne comprenons pas très bien pourquoi cela est arrivé. ” Se pourrait-il que ce soit parce que l’homme a été créé avec cette capacité cérébrale sans équivalent ?
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